Alors que les médias français ne cessent de relayer la propagande gouvernementale à propos de la Syrie ou de l’Iran, vous êtes peut-être passés à côté de cet évènement qui fut pourtant mis en avant par les grands journaux américains et britanniques : la Russie livre à nouveau des armes modernes à la Syrie.
Si la guerre dure toujours en Syrie, c’est parce que la Russie a soutenu Bachar Al Assad en lui fournissant des armes et en bloquant toute action unilatérale occidentale favorable à une opposition islamiste divisée, financée par le Qatar.
L’ONU a adopté une résolution condamnant l’escalade des violences et exigeant une transparence totale du gouvernement syrien sur la question de l’utilisation éventuelle d’armes chimiques. Cette résolution a été l’objet d’un vote dont les résultats sont les suivants :
107 pour : l’occident et ses alliés
9 contre : Biélorussie, Bolivie, Chine, Cuba, Corée du nord, Equateur, Iran, Nicaragua, Russie, Venezuela, Zimbabwe
59 abstentions dont : Algérie, Argentine, Bangladesh, Inde, Indonésie, Nigeria, Mali, Afrique du Sud, Ukraine, Vietnam.
Ces résultats révèlent les alliances actuelles qui ne vont pas du tout dans le sens occidental, malgré les informations qui, même si elles mentionnent à la marge les tensions et les livraisons d’armes, mettent en avant les rencontres américano-russes ou les visites de Ban Ki-Moon faisant croire à une solution occidentale, c’est-à-dire aboutissant à la chute de Bachar Al Assad.
Nos fiers journalistes, éditorialistes, professeurs de SciencesPo et autres experts de l’IFRI n’arrêtent pas de rabâcher systématiquement la leçon qu’ils ont apprise par cœur : Bachar est le diable personnifié. Nous sommes en 2013, et malgré la présence des nouvelles technologies, malgré un système éducatif soi-disant performant, les français sont au mieux des bœufs, principalement des moutons.
La position française me révolte pour trois raisons
Elle veut financer une opposition islamiste alors qu’elle envoie ses troupes au Mali contre d’autres islamistes. Au Mali, les terroristes ont fait combien de victimes par rapport à la Syrie ?
Elle veut faire tomber le régime en place, c’est-à-dire être dans une logique de guerre absolue en imposant le départ de Bachar Al Assad, tandis que la Russie et la Chine prônent une solution politique : quel camp est civilisé ?
Elle refuse la présence de l’Iran à la table des négociations
La diabolisation de l’Iran que les Etats-Unis ont parfaitement réussie à orchestrer ne permettra pas d’aboutir à des solutions pacifiques au Moyen-Orient. Si l’Iran veut fabriquer une bombe, il y arrivera, avec ou sans embargo occidental. La stratégie de « containment » et d’isolement n’est plus efficace, elle n’engendre que de nouvelles tensions dans un monde où les Etats-Unis ne sont plus une superpuissance.
Les résultats du vote des Nations-Unies prouvent que l’ONU est inutile actuellement. La promulgation d’une résolution condamnant les violences en Syrie, puis le déplacement dans la foulée en Russie de Ban Ki-Moon pour planifier une conférence, montre à quel point ce texte n’est que l’expression partiale d’un occident impuissant à imposer sa volonté.
L’incroyable résistance au pouvoir de Bachar Al Assad, surprenante au premier abord, reflète ce nouvel ordre mondial où les Etats-Unis ne sont plus la superpuissance du la fin du XXème siècle. Le conflit syrien est la face cachée d’une guerre froide qui renaît de ses cendres, favorisée par le développement asiatique, ce dernier expliquant la réorientation géopolitique des Etats-Unis vers la Chine.
Mais les Etats-Unis ne peuvent être au four et au moulin, d’où leurs imprécations envers l’Europe pour que cette dernière ne s’effondre pas économiquement et puisse rester un rempart efficace. Ce que les USA et l’Europe ignorent, c’est que cette guerre, ils l’ont déjà perdue à cause de leurs dettes impossibles à rembourser étant donné que la croissance à 5% est partie pour de bon en Occident et qu’ils ne pourront jamais mener les réformes nécessaires avant leur mise en défaut, avec ou sans gaz de schiste.