Les Etats-Unis augmentent drastiquement le rythme de leurs interventions afin de contrer le terrorisme régional, particulièrement depuis l’attaque du centre commercial de Nairobi en fin 2013. Ils opèrent à partir de Djibouti, ancienne colonie française, surpassant en effectif les troupes hexagonales.
Les informations ci-dessous proviennent d’un article de Frank Gardner, correspondant de la BBC à Djibouti et tweeté par l’IFRI.
Une présence renforcée mais quelle efficacité ?
Pour le gouvernement de Djibouti, les frappes de drones à l’encontre des groupes terroristes Al-Shabaab et Al-Qaïda sont « vitales » et continueront même si elles sont controversées à cause des victimes civiles qui les accompagnent. Ces attaques sont menées par les Etats-Unis, présents depuis 12 ans. Leur objectif premier était de stopper la migration des chefs d’Al-Qaïda du Pakistan vers l’Afrique de l’est.
En 2014 Al-Shabaab en Somalie ont gagné en compétences pour poser des bombes le long des routes, le groupe a lancé des attaques au-delà de ses frontières au Kenya et en Ouganda tandis qu’Al-Qaïda au Yemen a réussi par trois fois à placer des engins explosifs à bords de vols internationaux. Tout cela pendant que les forces étasuniennes doublaient à Djibouti: 4000 militaires actuellement contre 2000 pour les français.
L’objectif ayant muté de la prévention à la réaction, le Pentagone a récemment créé l’East Africa Response Force (EARF) afin de pouvoir intervenir plus rapidement dans la région. Cette unité a pu s’illustrer récemment en se rendant au Sud-Soudan pour protéger l’ambassade américaine et son staff, évitant un nouvel attentat comme celui de Benghazi qui fut un désastre politique aux USA.
Le général Grigsby, commandant des forces de l’Afrique de l’est cette année explique la présence militaire étasunienne : « notre mission ici est de rendre capables nos partenaires est-africains de neutraliser les extrémistes violents […]. Cela nous donne aussi un accès stratégique et une liberté de mouvement. L’objectif est de protéger les Etats-Unis et ses intérêts à l’étranger ».
Quelques commentaires
L’implantation étasunienne en Afrique de l’est n’a clairement pas atteint son objectif préventif, celui d’empêcher la diffusion du terrorisme en Afrique. Quand un moyen ne fonctionne pas, il semblerait logique de le remettre en question plutôt que de persister dans la même direction. Mais le cercle vicieux est impossible à briser, il a d’ailleurs son pendant économique consistant à se surendetter et à user sans modération de la planche à billet.
S’il n’y a pas de changement de stratégie, c’est que l’objectif n’est pas de rendre autonomes les forces africaines, il est seulement de donner aux Etats-Unis une liberté de mouvement dans la guerre économique. De même que pour la Françafrique persistante, il y a un décalage entre le discours et la réalité. On ne se préoccupe de dire qu’il faut aider les africains à développer leurs armées que lorsqu’il y a intervention occidentale. Sinon, on fait bien attention à ce qu’ils restent dépendants, militairement et économiquement. Dans cette optique, les groupes terroristes servent à leur insu les intérêts étasuniens et français. Ils justifient la présence occidentale et maintiennent dans la peur les peuples, aussi bien en Afrique qu’en Occident.